Un bon travail scolaire implique une bonne discipline.
Le point qui revient le plus souvent à l'ordre du jour de nos conseils de classe (pédagogiques), c'est vraisemblablement celui de la discipline. Le jeune professeur qui n'a pas d'expérience doit connaître les ABCes de la théorie pédagogique qu'on peut formuler de façon suivante: tournez-vous vers vos élèves; franchissez les barrières; essayez de les comprendre; laissez-leur voir le grand ami que vous êtes pour eux; ne vous imposez pas; faites-leur confi¬ance.
Le professeur qui va franchir pour la première fois le seuil d'une classe doit savoir qu'il n'y a pas de recettes à appliquer rnécaniquement et tel procédé ayant donné d'excellents résultats ici, peut échouer ailleurs. Le complexe élève—milieu familial—milieu social—traditions scolaires—personnalité du professeur est toujours variable et le comportement du pro¬fesseur dépend des circonstances bien déterminées.
Contrairement aux vieilles méthodes brutales et parfois terrifiantes, qui n'arrivaient qu'à faire détester les professeurs qui perdaient parfois toute autorité, la pédagogie est pour une discipline consciente, obtenue par la compréhension et l'entente. Un élêve éduque avec amitié et douceur, mais aussi avec fermeté, comprendra son maître. II le respectera. II у a évidemment des élèves qui profitent de cette liberté pour faire des plaisanteries stupides, pour créer le trouble.
C'est le cas ou l'action éducative du professeur doit être efficace. On ne reste pas passif devant les écarts des élêves, on n'abdique pas alors le rôle d'éducateur. Mais la pédagogie estime que les enfants doivent jouir d'assez de liberté pour se rendre compte de ce que cette liberté exige d'eux. La liberté ne doit pas être donnée en bloc; elle doit s'acquerir; elle doit se mériter. II у a encore pas mal de professeurs qui exigent qu'il regne un mutisme complet pendant la classe. Le bavardage est evidemment reprimé lorsqu'il est réellement du bavardage, lorsque le fait de parler empeche les autres de travailler.
Mais pourquoi condamner au mutisme par simple commodité, alors qu'un échange de vues avec un coéquipier peut s'avérer utile? Voici un exemple: les élèves notent sur les fiches les mots français dont ils ont étudié l'orthographe et le sens. A la veille d'une interrogation, ils sont invités à revoir ces mots en classe; l'un des coéquipiers, muni de sa fiche interroge à mi-voix les trois autres. Comme dans la classe il у a 5—6 équipes, cela crée un certain brouhaha hautement reconfortant — en fait la classe travaille.
Des que vous avez choisi, par exemple, de faire travail¬ler vos élèves en équipes, il est évident que vous devez, bon gré mal gré, vous accommoder d'une certaine perturbation de l'atmosphère de la classe.
Certes, l'application d'un tel régime entraîne parfois des heurts. Alors il faut faire marche arrière, un jour de particulière turbulence.
Constamment, le professeur doit chercher, rectifier son attitude. Et ça va marcher en fin de compte.